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Goffman et l’ordre social

Jeudi, avril 12th, 2012

Pour faire court, on pourrait dire que Goffman étudie comment fonctionne la société et comment se comportent les personnes pour la faire fonctionner. Il s’appuie notamment sur les notions de rites sociaux, de norme collective ou ordre social.

Ce qui est très intéressant chez Goffman, c’est que pour comprendre comment fonctionne une société, il étudie les personnes déviantes (en particulier des personnes internées). Son idée est d’étudier ces personnes et de comprendre ce qu’elles font « à côté de la plaque » sociale. Par effet miroir, il en déduira quelles sont les règles sociales qui permettent à une société de fonctionner.

A vrai dire, c’est une très bonne idée, car il est très difficile d’expliquer les règles et normes sociales de sa propre société. On les vit, on les applique, on les a intériorisées mais on peut très difficilement les expliquer.

Goffman a donc choisi d’étudier les aliénés.

Il aurait pu tout aussi bien étudier un étranger fraîchement débarqué dans une culture inconnue…

Le zapping des blogs

Mardi, avril 10th, 2012

Le week-end (considérons que nous sommes encore en train de porfiter de ce long week-end de Pâques…), nous vous proposons une petite pause détente avec un zapping des blogs d’expatriés que nous vous avions présentés.

Et oui, poussés par la curiosité, nous avons décidé de vous tenir au courant de ce qui se passait avec les folles aventures de vos concitoyens expatriés.

Alors, voyons cela de plus près ! Que s’est-il passé récemment ?

Du côté de Virginia Chronicles, c’est plutôt « Easter cupcakes » avec déco en marshmallow et cupcakes transformés en agneaux pascal… Ca vaut le détour et ça donne bien envie d’en goûter un (ou deux…).

De l’autre côté de l’Atlantique, à Londres plus précisément, c’est la chasse aux oeufs de Pâques… mais pas seulement ! Mais que cherchent-ils dans cette famille ???!!!! A découvrir dans le blog 130 cartons à Londres ! Toujours en dessin et toujours aussi ludique et gai !

Il y a aussi ceux pour qui un grand pont comme celui de Pâques n’est pas si facile à gérer puisque du coup, la famille les réclame en France, les amis en Allemagne, tout le monde les invite un peu partout… le tout à faire en 4 jours sans froisser personne ! Sacré dilemme, et c’est justement le titre de l’article de Pauline à Berlin !!

Et puis dans tout ça, il y a ceux qui ont sûrement fêté Pâques mais qui sont plus occupés par d’autres projets : le retour d’expatriation. C’est le cas de Roxane qui va bientôt quitter la Russie après 5 années d’expatriation. D’ailleurs au passage, si quelqu’un est intéressé par une personne ayant été expat, parlant russe, comprenant la culture russe et bien d’autres choses, Roxane sera bientôt dispo !

Maintenant vous pouvez digérer vos chocolats bien tranquillement…

On se retrouve la semaine prochaine pour un nouveau petit tour de côté de vos blogs. En attendant, je vous propose de reprendre très vite notre tour des livres sur l’expatriation.

A très vite !

Acculturation

Mercredi, mars 14th, 2012

En cherchant quelques livres liés à l’expatriation, j’ai trouvé sur le site d’une compagnie d’assurance* cette petite phrase qui en dit long :

« La majeure partie des échecs voire « faillites » de l’expatriation est liée à la difficulté de s’adapter à un environnement différent, à une sous-évaluation des difficultés liées au changement d’environnement psychosocial, …. »

Rendez-vous compte, j’ai déniché ça sur le site d’un assureur ! Ca coûte aussi cher que ça en anti-dépresseurs l’expatriation ???…

Mais quel rapport avec ce charmant titre « acculturation » ???

Et bien tout simplement parce que s’adapter à sa culture d’accueil ou la détester, cela fait partie de l’acculturation. Et par définition, un expatrié est confronté à ce phénomène, qu’il le veuille ou non.

Alors après avoir vu que les assureurs et les psychologues commençaient à s’intéresser à l’expatriation et à ses déboires, je me suis dit qu’il serait très intéressant de s’arrêter sur le concept d’acculturation.

Alors, l’acculturation c’est quoi ?

Parmi les différentes définitions existantes, celle qui a retenu mon attention par sa clarté, est celle de l’encyclopédie Universalis. Assez complète pour bien comprendre, mais pas trop pour éviter de nous assommer…

Vous la trouverez ici :

http://www.universalis.fr/encyclopedie/acculturation/

Et comme je suis sympa, je vous la résume…

Selon cet article, le concept d’acculturation a vu le jour dès 1880 auprès d’anthropologues nord-américains. L’acculturation désigne les phénomènes de contacts et d’interpénétration entre civilisations différentes.

Bien sûr, on pourrait également s’étendre sur la différence culture / civilisation… mais pas aujourd’hui ! J’ai dit que je ne voulais pas vous assommer…

En clair, pour qu’il y ait acculturation, il faut qu’il y ait contact direct et régulier entre des individus de cultures différentes et que ces contacts entraînent des changements dans les modèles culturaux initiaux.**

Autrement dit, l’acculturation entraîne des changements dans les façons de faire, d’être qu’on avait avant de « rencontrer l’autre »…

On ne voit plus les choses du même oeil, tout simplement.

L’acculturation peut se manifester de différentes façons : conflits, d’ajustement, syncrétisation (???), assimilation ou contre-acculturation.

Et en quoi est-ce que ça nous concerne ?

Je vous le dirai la prochaine fois bien sûr !

****

*(http://www.aprilmobilite.com/assurance/site/fr/lang/fr/psychologie-expatriation)

**(Denys cuche, La notion de culture dans les sciences sociales, 1996)

Enseigner une culture étrangère, 4

Mercredi, mars 7th, 2012

Le mot de la fin.

Enseigner une culture étrangère de G. Zarate est un livre à l’origine destiné à la formation des enseignants de langue étrangère. Il a notamment beaucoup été utilisé pour les futurs profs de français langue étrangère. D’apparence académique, il est tout à fait accessible et facile à lire. Je vous le recommande très vivement.

Je suis convaincue qu’en situation d’expatriation, comprendre son bagage culturel, ou tout du moins, comprendre que l’on a un bagage culturel est une grande avancée. Il faut penser en terme de cribles culturels . Les cribles culturels sont nos filtres culturels. Ce sont eux qui nous font tout analyser comme si on était encore en France. Ce sont eux encore qui nous font imaginer que les gens en face de nous réagiront comme des français.

Reconnaître la présence de cribles culturels et relativiser nos comportements et ceux des autres, est la meilleure façon de dépersonnifier ses problèmes. Cela aide à réaliser que « l’autre » ne nous en veut pas, mais qu’il est tout simplement en train d’appliquer sans même y penser des cribles culturels différents des nôtres. Cela permet aussi de penser que nous agissons d’après nos propres repères culturels et qu’ils ne conviennent pas forcément aux codes culturels de notre culture d’accueil.

Comprendre ces concepts est la seule chose qui nous donnera l’opportunité de nous dire : « il y a sûrement un truc que je n’ai pas compris, je ferais bien de chercher un peu pour ne pas me tromper à l’avenir » au lieu de se dire « personne ne me comprend, c’est vraiment pas possible ce pays »…

Et c’est pour cela que je vous conseille de faire une petite virée dans ce (petit) livre de Geneviève Zarte : Enseigner une culture étrangère.

Enseigner une culture étrangère, 3

Dimanche, mars 4th, 2012

Mais pourquoi est-ce que c’est si compliqué d’expliquer quelles sont les règles de salutations dans sa propre culture ?

Parce que pour dire clairement, il faut penser clairement. Et c’est là que c’est compliqué. Pour ce qui est de sa propre culture, rares sont les personnes qui la comprennent explicitement et peuvent en parler.

En effet, vous ne réfléchissez pas explicitement lorsque dans une situation donnée, face à telle personne dans tel contexte vous allez serrer la main ou faire la bise. Non, vous disposez dans votre « banque de données culturelle » de tous les éléments pour analyser la situation et décider sans même avoir à vous poser la question de façon explicite. Rappelez-vous, vous avez appris votre propre culture par observation et mimétisme pour la plupart des comportements, vous avez fait l’éponge…

Vous avez fait des tas de dictées et d’exercices de Bled (ah ! ce bon vieux bled…), mais vous n’avez pas eu de cours de « salutations », « gestion de conversation », « déplacements », « gestuelle » pour gérer votre vie quotidienne.

Le problème qui se pose, c’est qu’être en situation d’expatriation c’est comme arriver au théâtre pour la dernière scène et ensuite devoir soutenir une conversation avec les spectateurs qui étaient là depuis le début. C’est prendre le train en marche, manquer d’informations, de connaissances… et être jeté dans le grand bain.

Il faut donc être capable de comprendre que :

  • Notre banque de données culturelle est complètement à côté de la plaque et ne nous sera pas d’un très grand secours (sauf pour se faire remarquer, mais bon…)
  • Que si nos données ne sont pas exploitables, alors on exploite quoi à la place ? Le plus souvent : rien.

Il faut donc apprendre à relativiser ses propres comportements, à leur reconnaître leur valeur culturelle.

Il faut « apprendre » à décoder la culture d’accueil, à observer, poser des questions à son prof, à ses amis. Bref, il faut faire de façon explicite un travail qui s’est fait tout seul dans sa propre culture.

Enseigner une culture étrangère,

Mardi, février 28th, 2012

Ne cherchez pas « Enseigner une culture étrangère » de G. Zarate chez votre libraire préféré ni sur Mondizen, vous ne le trouverez pas car il est épuisé. Direction la bibliothèque, mais ce lirvre en vaut vraiment la peine.

Certains d’entre vous sont partis à l’étranger et enseignent le français, de ce fait, la question de l’enseignement d’une culture étrangère ne pourra pas leur échapper… tôt ou tard.

Mais vous, en quoi est-ce que cela vous concerne ?

Et bien aujourd’hui, je vous propose un petit détournement.

Je vous présente cet ouvrage car je pense que même si vous n’enseignez pas, vous y trouverez des pistes de réflexions pour vous aider dans votre expatriation.

En effet, une expérience d’expatriation peut nous renvoyer des sentiments variés… et pas toujours agréables. Sentiment d’être déstabilisé, hors-jeu, de ne pas comprendre, de ne pas être compris. Sentiment d’avoir perdu la totalité de ses repères et pour cause.

Et pour cause. Et c’est là que j’en reviens à ce livre de Zarate (ouf ! Il y avait bien une logique à cet article !).

Un concept central de ce livre est celui de « décentration ». Et oui, enseigner une culture étrangère oblige à se décentrer. A « sortir » de sa culture, la mettre en perspective, la regarder… pour pouvoir en parler

En quoi connaître / comprendre ce concept est important pour un expatrié ?

Et bien justement, parce qu’on n’apprend pas sa propre culture de façon explicite, à de rares exceptions près : « on ne mange pas la bouche ouverte », « on ne met pas ses coudes sur la table », « dis bonjour à la dame »…

Notre culture, pilier de nos comportements en société a été intégrée implicitement, apprise par mimétisme et pas dans des livres.

Et si nous ne sommes pas conscients de cet apprentissage et ne savons même pas que c’est un apprentissage qui n’est pas universel, comment pourrons-nous comprendre des gens qui ont appris d’autres règles culturelles ? Et bien, on ne les comprendra pas, et on pensera tout simplement « qu’ils ne savent pas faire », « qu’ils sont mal polis » et peut-être même « qu’ils mangent comme des cochons ».

Beau départ pour une expatriation réussie…

C’est la raison pour laquelle je vous présente ce livre, car il donne de sérieuses clefs pour prendre conscience de tout ce bagage culturel que nous portons avec nous.