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Quel type d’acculturé(e) êtes-vous ?

Mercredi, mars 28th, 2012

A votre tour maintenant !

Et oui, c’est comme ça, j’écris et vous cogitez !!!

Prenez quelques minutes pour vous poser des questions par rapport à votre type d’acculturation. Y a-t-il des comportements qui vous amusent, qui vous énervent ? Avez-vous trouvé des bonnes idées dans votre culture d’accueil ? Avez-vous changé votre façon de faire pour certaines choses ? Avez-vous rejeté certaines choses de votre culture d’expatriation ?

Prenez une feuille de papier séparée en deux. Classez d’un côté les phénomènes plutôt positifs (ajustement, métissage, assimilation). Mettez de l’autre les phénomènes plutôt négatifs comme le conflit et la contre-acculturation.

Pensez à des situations quotidiennes : faire les courses, prendre les transports en commun, communiquer, avoir une activité, trier ses poubelles… Reprenez votre emploi du temps : que faites-vous ? Ou allez-vous ? Comment vous déplacez-vous ?

Est-ce que vous vous sentez bien dans votre nouvelle vie ? Est-ce qu’il y a plus de bon que de mauvais ? Est-ce que les différences vous intriguent et vous amusent ou bien est-ce qu’elles vous semblent intolérables et stupides ?

Classez vos expériences par rapport à votre ressenti dans la colonne du ressenti positif ou dans celle du ressenti négatif.

De la sorte, vous pourrez facilement visualiser votre expatriation.

Et à quoi ça sert tout ça ?

Un premier pas très important pour arriver à mieux vivre son expatriation est la reconnaissance de ses propres sentiments d’acculturation. Cela n’est pas une fin en soi, mais le fait d’identifier ce qui nous gêne dans l’autre culture est déjà un grand pas. Reste à comprendre pourquoi ça nous gêne et comment y remédier…

Ce qui peut aussi aider à relativiser les choses quand ça ne se passe pas très bien, c’est de se dire que si l’acculturation est un objet d’études, c’est que ça touche un paquet de gens ! Et si ça touche un paquet de gens, il y a sûrement quelque part une solution, que ce soit un bouquin ou juste une bonne séance de yoga pour se relaxer.

Si vous avez quelques problèmes à naviguer dans votre nouvelle culture, vous n’êtes pas un extra-terrestre et tout n’est pas perdu. Bien d’autres l’ont ressenti avant vous et s’en sont sortis… et en plus ils n’avaient même pas eu la chance de lire cet article !!

Acculturation 3

Vendredi, mars 23rd, 2012

Chaque réaction décrite dans l’article précédent présente une certaine forme d’acculturation.

Aujourd’hui, je vous propose de creuser un petit peu plus ce concept en se basant sur les exemples que j’ai cités. Et vous verrez que le nom donné à chaque forme d’acculturation en dit déjà très long sur l’état d’esprit de la personne qui la ressent…

1. Vous cuisinez avec vos nouveaux produits, découvrez des goûts nouveaux qui vous surprennent au début mais que vous apprendrez à apprécier avec le temps. Après quelques temps d’expatriation, vous vous serez habitué à ces goûts et aurez appris à les apprécier. Il s’agit du processus d’ajustement qui correspond à une période de « flottement » puis un équilibre.

2. Vous avez passé un bon moment à mijoter un petit plat mais le résultat vous désespère un peu. Certains produits donnent un goût que vous n’aimerez pas du tout et certaines de vos trouvailles du magasin ont de fortes chances de finir à la poubelle. Il y a là un processus de conflit. Vous ne voulez plus entendre parler de « ce truc vraiment pas bon ». Fin de l’histoire entre vous et cet ingrédient… Sans pour autant vous faire rejeter l’ensemble des nouveaux produits découverts. Non, c’est juste « celui-ci » que vous détestez.

3. Vous découvrez des goûts nouveaux surprenants mais très bons et qui maintenant feront partie de votre façon de manger aux côtés de votre cuisine « d’origine ». C’est un processus de syncrétisation qu’on pourrait également appeler métissage. A partir de maintenant, quand vous le pourrez, vous utiliserez tel et tel produit parce que finalement c’est très bon. Mais comme vous aimez toujours votre cuisine d’origine, pourquoi ne pas mélanger certaines choses. Et voilà, une cuisine pleine de syncrétisation et toute personnelle ! Concrètement, cela donnerait lieu à du gratin dauphinois parfumé au curry ou des crêpes fourrées au beurre de cacahuètes…

4. Vous êtes tellement émerveillé par vos découvertes culinaires que vous ne voulez plus manger que ça. Là, vous êtes en plein  processus d’assimilation de la « nouvelle » culture de façon exclusive. Désormais à la maison, c’est curry à chaque repas, sushi à gogos ou Kartoffelknödel pour tout le monde et vous ne savez même plus ce que « purée » a pu vouloir dire un jour dans votre vie !

5. Et puis malheur ! Il y a la contre-acculturation qui n’est à souhaiter à personne. Ca, c’est le fiasco total, la dépression en bout de course, le retour en larmes au pays. Bref, la cata intégrale. Dans, ce cas : rien ne va. Vous ne trouvez rien à cuisiner, même les légumes ne sont pas des légumes, la viande ne ressemble à rien, le sel ne sale pas… Et puis de toute façon, vous ne « les » comprenez pas et « ils » ne vous comprennent pas, bref, on n’est jamais mieux que chez soi !

A mon avis, pour lui, c’est le désamour avec les coutumes gastronomiques du coin !!

CONTRE-ACCULTURATION !!!!

Acculturation 2

Mardi, mars 20th, 2012

C’est vrai ça ! Et en quoi est-ce que ça nous concerne ce concept d’acculturation ?

Tout simplement parce que l’expatriation implique de fait une acculturation.

L’acculturation là où on ne l’attend pas.

Et oui, l’acculturation se cache de partout, dans tout le quotidien de l’expatrié.

Prenez le simple cas des courses. Vous avez construit en France, une « liste d’habitudes culinaires »… sans vous en apercevoir. Vous utilisez tel produit plutôt que tel autre, vous savez que vous aimez celui-ci et pas celui-là.

Et puis, expatriation oblige, vous voilà un peu perdu(e) dans un magasin différent de ce que vous avez l’habitude de voir, avec des produits différents, des noms différents, des marques différentes.

Bref, grand chambardement à l’horizon.

Mais voilà, même en expatriation il faut manger…

Vous vous hasardez à prendre quelques boîtes, un paquet de sauce qui ressemble peut-être à une sauce que vous preniez d’habitude en France, du sucre pas tout à fait pareil et ainsi de suite. Jusqu’à avoir un panier ou un chariot plein de différences… jusqu’aux plus basiques des ingrédients que vous n’arrivez pas à trouver. Et d’autres avec lesquels il va falloir apprendre à cohabiter…

Et vous allez cuisiner avec ces nouveaux produits, et c’est là que l’acculturation revient au galop !

- Vous allez découvrir des goûts nouveaux qui vous surprendront et que vous apprendrez à apprécier avec le temps.

- Mais peut-être que vous allez découvrir des goûts que vous n’aimerez pas du tout et un paquet finira à la poubelle.

- Vous pourrez aussi découvrir des goûts nouveaux surprenants mais très bons et qui après un temps d’adaptation feront partie de votre façon de manger aux côtés de votre cuisine « d’origine », le tout orchestré en un savant mélange de votre composition.

- Ou alors, vous serez tellement émerveillé par vos découvertes culinaires que vous ne voudrez plus manger que ça.

- Enfin, dans le pire des cas, vous ne trouverez rien qui vous convient et ne vivrez que grâce au pont aérien qui vous ravitaille régulièrement…

Et bien chacune de ces réactions répond à une forme ou à une autre d’acculturation…

Et l’acculturation est loin de s’arrêter à la nourriture, elle se niche de partout, dans les façons d’être, de faire, l’organisation d’une société, ses codes…

Vous n’y échapperez pas !

Enseigner une culture étrangère, 4

Mercredi, mars 7th, 2012

Le mot de la fin.

Enseigner une culture étrangère de G. Zarate est un livre à l’origine destiné à la formation des enseignants de langue étrangère. Il a notamment beaucoup été utilisé pour les futurs profs de français langue étrangère. D’apparence académique, il est tout à fait accessible et facile à lire. Je vous le recommande très vivement.

Je suis convaincue qu’en situation d’expatriation, comprendre son bagage culturel, ou tout du moins, comprendre que l’on a un bagage culturel est une grande avancée. Il faut penser en terme de cribles culturels . Les cribles culturels sont nos filtres culturels. Ce sont eux qui nous font tout analyser comme si on était encore en France. Ce sont eux encore qui nous font imaginer que les gens en face de nous réagiront comme des français.

Reconnaître la présence de cribles culturels et relativiser nos comportements et ceux des autres, est la meilleure façon de dépersonnifier ses problèmes. Cela aide à réaliser que « l’autre » ne nous en veut pas, mais qu’il est tout simplement en train d’appliquer sans même y penser des cribles culturels différents des nôtres. Cela permet aussi de penser que nous agissons d’après nos propres repères culturels et qu’ils ne conviennent pas forcément aux codes culturels de notre culture d’accueil.

Comprendre ces concepts est la seule chose qui nous donnera l’opportunité de nous dire : « il y a sûrement un truc que je n’ai pas compris, je ferais bien de chercher un peu pour ne pas me tromper à l’avenir » au lieu de se dire « personne ne me comprend, c’est vraiment pas possible ce pays »…

Et c’est pour cela que je vous conseille de faire une petite virée dans ce (petit) livre de Geneviève Zarte : Enseigner une culture étrangère.

Enseigner une culture étrangère, 3

Dimanche, mars 4th, 2012

Mais pourquoi est-ce que c’est si compliqué d’expliquer quelles sont les règles de salutations dans sa propre culture ?

Parce que pour dire clairement, il faut penser clairement. Et c’est là que c’est compliqué. Pour ce qui est de sa propre culture, rares sont les personnes qui la comprennent explicitement et peuvent en parler.

En effet, vous ne réfléchissez pas explicitement lorsque dans une situation donnée, face à telle personne dans tel contexte vous allez serrer la main ou faire la bise. Non, vous disposez dans votre « banque de données culturelle » de tous les éléments pour analyser la situation et décider sans même avoir à vous poser la question de façon explicite. Rappelez-vous, vous avez appris votre propre culture par observation et mimétisme pour la plupart des comportements, vous avez fait l’éponge…

Vous avez fait des tas de dictées et d’exercices de Bled (ah ! ce bon vieux bled…), mais vous n’avez pas eu de cours de « salutations », « gestion de conversation », « déplacements », « gestuelle » pour gérer votre vie quotidienne.

Le problème qui se pose, c’est qu’être en situation d’expatriation c’est comme arriver au théâtre pour la dernière scène et ensuite devoir soutenir une conversation avec les spectateurs qui étaient là depuis le début. C’est prendre le train en marche, manquer d’informations, de connaissances… et être jeté dans le grand bain.

Il faut donc être capable de comprendre que :

  • Notre banque de données culturelle est complètement à côté de la plaque et ne nous sera pas d’un très grand secours (sauf pour se faire remarquer, mais bon…)
  • Que si nos données ne sont pas exploitables, alors on exploite quoi à la place ? Le plus souvent : rien.

Il faut donc apprendre à relativiser ses propres comportements, à leur reconnaître leur valeur culturelle.

Il faut « apprendre » à décoder la culture d’accueil, à observer, poser des questions à son prof, à ses amis. Bref, il faut faire de façon explicite un travail qui s’est fait tout seul dans sa propre culture.

Enseigner une culture étrangère,

Mardi, février 28th, 2012

Ne cherchez pas « Enseigner une culture étrangère » de G. Zarate chez votre libraire préféré ni sur Mondizen, vous ne le trouverez pas car il est épuisé. Direction la bibliothèque, mais ce lirvre en vaut vraiment la peine.

Certains d’entre vous sont partis à l’étranger et enseignent le français, de ce fait, la question de l’enseignement d’une culture étrangère ne pourra pas leur échapper… tôt ou tard.

Mais vous, en quoi est-ce que cela vous concerne ?

Et bien aujourd’hui, je vous propose un petit détournement.

Je vous présente cet ouvrage car je pense que même si vous n’enseignez pas, vous y trouverez des pistes de réflexions pour vous aider dans votre expatriation.

En effet, une expérience d’expatriation peut nous renvoyer des sentiments variés… et pas toujours agréables. Sentiment d’être déstabilisé, hors-jeu, de ne pas comprendre, de ne pas être compris. Sentiment d’avoir perdu la totalité de ses repères et pour cause.

Et pour cause. Et c’est là que j’en reviens à ce livre de Zarate (ouf ! Il y avait bien une logique à cet article !).

Un concept central de ce livre est celui de « décentration ». Et oui, enseigner une culture étrangère oblige à se décentrer. A « sortir » de sa culture, la mettre en perspective, la regarder… pour pouvoir en parler

En quoi connaître / comprendre ce concept est important pour un expatrié ?

Et bien justement, parce qu’on n’apprend pas sa propre culture de façon explicite, à de rares exceptions près : « on ne mange pas la bouche ouverte », « on ne met pas ses coudes sur la table », « dis bonjour à la dame »…

Notre culture, pilier de nos comportements en société a été intégrée implicitement, apprise par mimétisme et pas dans des livres.

Et si nous ne sommes pas conscients de cet apprentissage et ne savons même pas que c’est un apprentissage qui n’est pas universel, comment pourrons-nous comprendre des gens qui ont appris d’autres règles culturelles ? Et bien, on ne les comprendra pas, et on pensera tout simplement « qu’ils ne savent pas faire », « qu’ils sont mal polis » et peut-être même « qu’ils mangent comme des cochons ».

Beau départ pour une expatriation réussie…

C’est la raison pour laquelle je vous présente ce livre, car il donne de sérieuses clefs pour prendre conscience de tout ce bagage culturel que nous portons avec nous.