Posts Tagged ‘Livres sur l’expatriation’

Goffman

Mardi, avril 3rd, 2012

Au rayon des livres sur l’expatriation, il y a un auteur que je ne pouvais pas ne pas vous présenter !!

Goffman n’a pas écrit sur l’expatriation, non pas du tout. Mais il a beaucoup écrit sur les comportements des personnes au sein de leur société…

Ce sociologue américain est un peu le roi du détricotage social. Il observe, analyse et décrit nos comportements d’une façon très pertinente, et avec des mots ultra simples.

Et vous verrez qu’il s’appuie sur des concepts qui devraient faire partie de la trousse de secours de tout expat !

Je vous en dirai un peu plus au prochain article.

Enseigner une culture étrangère, 4

Mercredi, mars 7th, 2012

Le mot de la fin.

Enseigner une culture étrangère de G. Zarate est un livre à l’origine destiné à la formation des enseignants de langue étrangère. Il a notamment beaucoup été utilisé pour les futurs profs de français langue étrangère. D’apparence académique, il est tout à fait accessible et facile à lire. Je vous le recommande très vivement.

Je suis convaincue qu’en situation d’expatriation, comprendre son bagage culturel, ou tout du moins, comprendre que l’on a un bagage culturel est une grande avancée. Il faut penser en terme de cribles culturels . Les cribles culturels sont nos filtres culturels. Ce sont eux qui nous font tout analyser comme si on était encore en France. Ce sont eux encore qui nous font imaginer que les gens en face de nous réagiront comme des français.

Reconnaître la présence de cribles culturels et relativiser nos comportements et ceux des autres, est la meilleure façon de dépersonnifier ses problèmes. Cela aide à réaliser que « l’autre » ne nous en veut pas, mais qu’il est tout simplement en train d’appliquer sans même y penser des cribles culturels différents des nôtres. Cela permet aussi de penser que nous agissons d’après nos propres repères culturels et qu’ils ne conviennent pas forcément aux codes culturels de notre culture d’accueil.

Comprendre ces concepts est la seule chose qui nous donnera l’opportunité de nous dire : « il y a sûrement un truc que je n’ai pas compris, je ferais bien de chercher un peu pour ne pas me tromper à l’avenir » au lieu de se dire « personne ne me comprend, c’est vraiment pas possible ce pays »…

Et c’est pour cela que je vous conseille de faire une petite virée dans ce (petit) livre de Geneviève Zarte : Enseigner une culture étrangère.

Enseigner une culture étrangère, 3

Dimanche, mars 4th, 2012

Mais pourquoi est-ce que c’est si compliqué d’expliquer quelles sont les règles de salutations dans sa propre culture ?

Parce que pour dire clairement, il faut penser clairement. Et c’est là que c’est compliqué. Pour ce qui est de sa propre culture, rares sont les personnes qui la comprennent explicitement et peuvent en parler.

En effet, vous ne réfléchissez pas explicitement lorsque dans une situation donnée, face à telle personne dans tel contexte vous allez serrer la main ou faire la bise. Non, vous disposez dans votre « banque de données culturelle » de tous les éléments pour analyser la situation et décider sans même avoir à vous poser la question de façon explicite. Rappelez-vous, vous avez appris votre propre culture par observation et mimétisme pour la plupart des comportements, vous avez fait l’éponge…

Vous avez fait des tas de dictées et d’exercices de Bled (ah ! ce bon vieux bled…), mais vous n’avez pas eu de cours de « salutations », « gestion de conversation », « déplacements », « gestuelle » pour gérer votre vie quotidienne.

Le problème qui se pose, c’est qu’être en situation d’expatriation c’est comme arriver au théâtre pour la dernière scène et ensuite devoir soutenir une conversation avec les spectateurs qui étaient là depuis le début. C’est prendre le train en marche, manquer d’informations, de connaissances… et être jeté dans le grand bain.

Il faut donc être capable de comprendre que :

  • Notre banque de données culturelle est complètement à côté de la plaque et ne nous sera pas d’un très grand secours (sauf pour se faire remarquer, mais bon…)
  • Que si nos données ne sont pas exploitables, alors on exploite quoi à la place ? Le plus souvent : rien.

Il faut donc apprendre à relativiser ses propres comportements, à leur reconnaître leur valeur culturelle.

Il faut « apprendre » à décoder la culture d’accueil, à observer, poser des questions à son prof, à ses amis. Bref, il faut faire de façon explicite un travail qui s’est fait tout seul dans sa propre culture.

Enseigner une culture étrangère, 2

Jeudi, mars 1st, 2012

Mais NOUS (oui parce que nous, nous savons tout, nous sommes polis et nous mangeons très bien !!) qu’en est-il de notre rapport à l’espace, de notre façon de bouger notre corps, de notre façon de parler, de notre perception de « l’autre » ?

Toutes ces choses qui nous ont toujours semblé si naturelles. A tel point qu’on ne s’est jamais interrogé pour savoir si elles étaient naturelles ou culturelles.

Et puis, en changeant de culture, nous voilà complètement déstabilisé, en pleine perte de repères parce que d’autres gens se comportent (apparemment sans même y penser) d’une façon totalement différente, incompréhensible, voire parfois choquante.

Qu’en est-il tout simplement de la façon de dire bonjour par exemple ?

Non, ce n’est pas de partout sur terre qu’on saute au cou des gens pour leur bisouiller les joues. On leur serre la main ? Pas de partout non plus.

Alors on fait quoi ?

Et bien ça dépend. Et c’est là que les choses se compliquent (surtout si vous avez déjà collé vos deux bises claquantes à votre interlocuteur, là vous est dans la zone très très rouge du « raté interculturel »). Et oui, ça dépend de plein de choses.

Posez-vous quelques secondes. Pourriez-vous expliquer en 2 ou 3 phrases quelles sont les règles de salutation en France ?

Hm… Pas si évident que cela. Et pour cause, entrent en piste la culture, la dimension culturelle de la relation à l’autre, la gestion hiérarchique (ou pas) des âges, des sexes, le type d’interaction (avec des amis, au travail, avec quelqu’un qu’on connaît très bien ou pas, plus jeune, plus vieux, un homme ou une femme…), peut-être même des spécificités régionales…

Tout ça en quelques phrases, ça va être difficile, très difficile à verbaliser, à dire tout simplement.

Vous commencez à mieux sentir pourquoi réaliser que nous sommes pleins de codes culturels, comprendre ses propres codes culturels et pouvoir les relativiser est important…

Enseigner une culture étrangère,

Mardi, février 28th, 2012

Ne cherchez pas « Enseigner une culture étrangère » de G. Zarate chez votre libraire préféré ni sur Mondizen, vous ne le trouverez pas car il est épuisé. Direction la bibliothèque, mais ce lirvre en vaut vraiment la peine.

Certains d’entre vous sont partis à l’étranger et enseignent le français, de ce fait, la question de l’enseignement d’une culture étrangère ne pourra pas leur échapper… tôt ou tard.

Mais vous, en quoi est-ce que cela vous concerne ?

Et bien aujourd’hui, je vous propose un petit détournement.

Je vous présente cet ouvrage car je pense que même si vous n’enseignez pas, vous y trouverez des pistes de réflexions pour vous aider dans votre expatriation.

En effet, une expérience d’expatriation peut nous renvoyer des sentiments variés… et pas toujours agréables. Sentiment d’être déstabilisé, hors-jeu, de ne pas comprendre, de ne pas être compris. Sentiment d’avoir perdu la totalité de ses repères et pour cause.

Et pour cause. Et c’est là que j’en reviens à ce livre de Zarate (ouf ! Il y avait bien une logique à cet article !).

Un concept central de ce livre est celui de « décentration ». Et oui, enseigner une culture étrangère oblige à se décentrer. A « sortir » de sa culture, la mettre en perspective, la regarder… pour pouvoir en parler

En quoi connaître / comprendre ce concept est important pour un expatrié ?

Et bien justement, parce qu’on n’apprend pas sa propre culture de façon explicite, à de rares exceptions près : « on ne mange pas la bouche ouverte », « on ne met pas ses coudes sur la table », « dis bonjour à la dame »…

Notre culture, pilier de nos comportements en société a été intégrée implicitement, apprise par mimétisme et pas dans des livres.

Et si nous ne sommes pas conscients de cet apprentissage et ne savons même pas que c’est un apprentissage qui n’est pas universel, comment pourrons-nous comprendre des gens qui ont appris d’autres règles culturelles ? Et bien, on ne les comprendra pas, et on pensera tout simplement « qu’ils ne savent pas faire », « qu’ils sont mal polis » et peut-être même « qu’ils mangent comme des cochons ».

Beau départ pour une expatriation réussie…

C’est la raison pour laquelle je vous présente ce livre, car il donne de sérieuses clefs pour prendre conscience de tout ce bagage culturel que nous portons avec nous.